Bilan d’un mois féministe (2/2) – Lectures

J’ai profité du mois de mars 2018 pour attaquer ma PAL féministe qui au fil des mois et des années gagne en hauteur (et en profondeur?). Elle grandit avec moi et je la chérie de tout mon coeur. Nourrie de rage et de petits bonheurs, cette collection est une source de savoir mais surtout d’espoir. C’est bien joli de la couvrir régulièrement d’un regard attendrissant et bienveillant mais ça ne fait pas l’engagement ! Alors qu’on préparait le mois de mars All About Women à la librairie, la petite féministe en moi trépignait à l’idée de pouvoir se régaler d’ouvrage thématique sans culpabiliser de délaisser les nouveautés de la littérature générale. Et c’est ainsi, cher internaute, qu’a commencé ma ruée vers l’or féministe.

Deux titres indispensables pour les grands :

Dear Ijeawele by Chimamanda Ngozi Adichie

Ce petit bouquin est en fait la lettre d’Adichie à son amie Ijeawele qui lui demandait conseil pour élever sa fille en tant que féministe. Sa réponse se compose de quinze sages – mais raisonnables – suggestions. Très pratiques, et applicables à l’éducation des petites filles comme des petits garçons, ses conseils sont un excellent rappel des valeurs humaines que nous devrions partager avec les générations suivantes. Mais, ne crains rien, Chère Ijeawele est loin d’être une lecture pesante ! Sous la plume d’Adichie le féminisme devient aussi clair que de l’eau source et aussi évident que 2 et 2 font 4. Et ça, bah, ça remplit mon petit cœur d’espoir pour le futur !

Comme We should all be feminist (titre maladroitement traduit en français : Nous sommes tous féministes), Dear Ijeawele est une lecture très facile en anglais et les couvertures anglaises auront bien plus d’allure sur vos étagères que les pâles éditions françaises. Je recommande donc fortement les versions originales de ces deux pépites 😉

Fight Like a Girl by Clementine Ford

Clementine Ford est une auteure australienne entièrement dévouée au féminisme. Elle est notamment très connue pour faire la misère aux machos sur les réseaux sociaux.
Son manifeste féministe est très personnel, mais à travers sa propre histoire, elle parvient à aborder un grand nombre des difficultés que les femmes rencontrent tout au long de leur vie. Elle commence doucement, par le pourquoi du comment elle est devenue féministe, et ses propres épreuves de jeune fille. Son trouble alimentaire n’est qu’un exemple parmi d’autre, démontrant l’extrême pression existante dès le plus jeune âge. Au fil des chapitres, Clementine Ford dénonce les inégalités, ouvrant à chaque fois un nouveau sujet chaud du féminisme : avortement, culture du viol etc. La puissance de cet ouvrage, c’est littéralement ce crescendo : « Fight like a Girl will make you laugh, cry and scream ». Fight like a Girl te fera rire, pleurer et hurler. Rien de tel pour secouer la féministe en toi !

Depuis Good Night Stories for Rebel Girls, des vagues d’ouvrages féministes pour enfants déferlent sur nos étagères. J’avoue que j’ai du mal à résister à la tentation de me les offrir TOUS. J’ai notamment craqué pour le magnifique album :
Rebel Voices
by Eve Lloyd and Louise Kay Stewart
Avec son trait moderne et ses couleurs sombres, Louise Kay Stewart créée l’atmosphère parfaite pour ce livre. Le moment est solemnel, les femmes farouches. Partout dans le monde elles se sont battues pour leur droit de vote. Notre droit. Tout au long de cette frise chronologique, les mots d’Eve Lloyd se font téméraires. Car le droit de vote pour les femmes ne signifie pas toujours l’égalité pour tous. Nombreux étaient ceux et celles encore victime de discrimination et Eve Lloyd ne les oublie pas. Rebel Voices est un ouvrage magnifique qui nous rappelle qu’ensemble, nous pouvons changer le monde !

Des jolies et instructives anthologies féministes également ajoutées à ma bibliothèque  durant le mois de mars :

  • Shout Out to the Girls : version australienne de Good Night Stories for Rebel Girls.
  • Anthology of Amazing Women by Sandra Lawrence : une autre collection de portraits illustrés organisée par domaine de compétence : Art, Histoire, Politique, Science, Sport, Musique & Film, Littérature, Business.
  • Bygone Badass Broads: 52 Forgotten Women Who Changed the World by Mackenzi Lee : en bonne série de portrait née sur Twitter, Bygone Badass Broads est écrit sans prétention littéraire, mais avec humour et concision.

 

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Bilan d’un mois féministe (1/2) – Animations

A la librairie où je travaille, le mois de mars était dédié aux femmes. Notre équipe de libraires – entièrement féminine – s’est plongée avec plaisir dans des lectures thématiques. Imagine mes yeux pétillants et mon petit cœur gonflé de fierté à la vue de notre mur de coup de cœur et nos vitrines se parer d’ouvrages féministes pour petits et grands et nos tableaux noirs se couvrir de grands noms de la gent féminine. Et comme on essaye de faire le choses bien, on a même organisé quelques animations….

Petits événements féministes en librairie

International Women’s Day Morning Tea

Tous les ans, le 8 mars, on commémore à travers le monde le mouvement pour les droits des femmes. Afin de marquer cette journée nous avons préparé plusieurs activités à la librairie, à réaliser en se régalant de scones et de thé (Prend note. La règle d’or pour attirer les gens : annoncer le buffet gratuit).

  • Women’s Wall of Fame : Notre tableau noir prêt
    à recueillir les nom des femmes  que nous admirons le plus a été de loin l’activité la plus populaire !
  • Selfie #PressForProgress : Sur le site internationalwomensday.com on a trouvé des cartes prêtes à imprimer pour partager notre engagement en photo sur les réseaux sociaux. Les plus courageux des jeunes connectés se sont prêtés au jeu avec plaisir. (ma trombine en bonus)
  • Féminisme jusqu’au bout des étagères : durant tout le mois de mars, nos vitrines et présentoirs étaient essentiellement concentré sur les femmes et le féminisme.

Rebel Girls Workshop

Depuis que j’ai lu Good Night Stories for Rebel Girls, une idée d’atelier d’écriture me trottait dans la tête. Inspirée par les récits des prouesses de ces femmes incroyables, j’ai décidé d’écrire ma propre histoire, aussi humble soit elle. J’ai alors proposé d’organiser un atelier pour que garçons et filles écrivent les histoires des femmes qu’ils admirent. Leur grand-mère, leur mère, leur sœur, professeure, docteure, ou autre héroïne qui les inspire et les motive. Et pourquoi pas leur propre histoire telle qu’ils l’envisagent ?

Sept filles entre 9 et 11 ans se sont présentées à la première session. Elles étaient bien préparées grâce au questionnaire que je leur avais envoyé et se sont très rapidement mise au travail. Leur Rebel Girls étaient souvent des femmes historiques mais il y avait aussi la copine qu’on admire pour sa persévérance et la jeune sportive fictive qui représente la personne qu’on aimerait être plus tard. Bref, la première session fut un succès grâce à un groupe de fille aussi inspirée qu’inspirante !

Book Clubs

Les membres du club adulte ont lu la traduction anglaise de Chanson Douce de Léïla Slimani, une lecture parfaite pour ce mois féministe. Ce roman a résonné chez nos lecteurs australiens autant qu’elle l’avait, il y a deux ans, chez les français. S’ils n’ont pas tous ‘adoré’ cette lecture, ils ont toutefois eu plein de choses à dire sur le sujet.  Entre autres thèmes sociologiques, Lullaby (titre anglais) aborde en effet de nombreux aspects du féminisme :

  • la place des femmes dans notre société,
  • au travail,
  • et à la maison
  •  ainsi que la maternité.

Quant aux jeunes explorateurs de livres (oui c’est la traduction de notre nom de club !), eux, ont lu la version originale de Le ciel nous appartient de Katherine Rundell. Si je n’avais pas vraiment dans l’idée de leur faire lire un roman ouvertement féministe, en revanche j’avais consciemment choisi un livre dont le personnage principal est une fille (bah oui un peu de #GirlPower ça fait du bien). J’ai été agréablement surprise lors de ma lecture. En effet, Katherine Rundell transmet une image positive du sexe féminin à travers ces personnages et diffuse un message clairement à contre courant des stéréotypes sexistes de l’époque victorienne.

 

Collecte pour The Rough Period

The Rough Period est une association caritative qui récolte des produits d’hygiène féminine pour les distribuer aux femmes dormant dans la rue (sleeping rough en anglais). Les menstruations sont évidemment plus compliquées et inconfortable pour ces femmes. L’association leur distribue donc des produits qui faciliteront cette période : tampons, serviettes hygiéniques mais aussi savons et bouteilles d’eau. Une de es collègues a eu l’excellente idée d’organiser une collecte à la librairie !

Voilà, on a fait plutôt simple mais à notre échelle on a donné un peu de visibilité à une cause importante, l’égalité des genres. Ce mois de mars m’a rempli de fierté et de motivation pour mon travail. Le retour des clients a été très positif ce qui est d’autant plus gratifiant. La vague d’ouvrage pro-féminisme qui a déferlé dans les librairies ainsi que les mouvements #MeToo et #TimesUp sur les réseaux sociaux n’y sont évidemment pas pour rien. Il y a clairement un phénomène d’éveil des consciences sur le sujet en ce moment, ce qui favorise la visibilité de la cause féministe et ouvre les débats !

Allez, sois sympa, partage avec moi tes activités féministes du mois de mars !

La prochaine fois je vous parlerais de mes lectures féministes 😉

 

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Bilan 2017 et Noël en librairie

Et non, je n’ai pas disparu, perdue à jamais dans le fin fond du bush Australien. Je suis bien vivante, mais – je l’avoue – complètement débordée et désorganisée. Pour me faire pardonner de cette absence qui commençait à s’éterniser (sans parler du rythme carrément irrégulier des publications en temps général), je vous propose un bilan lecture et un petit aperçu de Noël en librairie.

MES PETITS CHOUCHOUS DE 2017

LA CLAQUE LITTÉRAIRE

Purple Hibiscus de Chimimanda Ngozi Adichie (2003)

En bref : Le style d’écriture d’Adichie est incroyablement simple et efficace. Une limpidité parfaite pour contraster et exposer les sujets complexes qu’elle aborde : identité nigérienne, émancipation des femmes, fanatisme, oppression.

LE FANTASTIQUE FANTASTIQUE

Uprooted de Naomi Novik (2015/VF: Déracinée, 2017)

En bref : Une histoire inspirée des contes et des légendes populaires qui très vite nous surprend par la complexité de son univers et son charme incontestable.

 

LE TENDRE FOU

En attendant Bojangles d’Olivier Bourdeaut (2016)

En Bref : Attention la plume de Bourdeaut va vous emporter. Une ribambelle de jolis mots, d’expression rigolotes et de rimes rebondissantes vous entraîneront vite dans la folie des émotions. Un petit livre plein d’humour et d’amour.

LE DRÔLE INTELLIGENT

Y a pas de héros dans ma famille ! de Jo Witek (2017)

En bref : Jo Witek a écrit avec finesse et humour un véritable hommage à la famille sous toute ces formes, même un peu dysfonctionnelle.

 

LES ESSENTIELS FÉMINISTES

– Les Culottées tome 1 et 2 de Pénélope Bagieu (2016 & 2017)
– Good night stories for rebel girls de Elana Favilli et Francesca Cavallo (2016 & 2017)

En bref : Deux collections magnifiquement illustrées pour nous raconter des histoires épatantes et inspirantes de modèles féminins. A lire et à offrir aux enfants, garçons et filles, mais aussi aux plus grands qui ont besoin qu’on leur rappelle que les femmes sont tout aussi capables que les hommes.

LES AUTRES DOUDOUS

 

   

Et toi, quels sont les livres qui ont marqué ton année ?


 

LE MEILLEUR (et le pire) DU CUSTOMER

(parce que ça rime)


Contexte:
c’est Noël, il y a à peu près 50 clients dans la librairie. Une cliente t’a demandé de l’aide. Clairement, elle a mille autres magasins à faire et a lancé le top chrono avant même d’entrer dans la librairie. Tu sais déjà qu’il va falloir être efficace et convaincante !

11:00 – Mission de reconnaissance : Aller chercher un titre désigné. Normalement c’est facile, si tu connais le titre et l’auteur, tu gagnes l’estime du client en un clin d’œil. Tu marques encore plus de point si tu sais exactement où trouver le livre en question. Sinon t’es bon pour les regards désapprobateurs ou gros soupirs de snobs exaspérés « Et ça se dit libraire ? ».
Bref, admettons que tu t’en sois sortie comme un chef. Il va quand même falloir traverser la librairie pour trouver le livre. Et même si tu as l’air occupé, surtout, SURTOUT, ne regarde personne dans les yeux, ou ils croiront que tu leur appartiens !

11:03 – Mission 2 : Le client impressionné et satisfait de ta première prestation fait maintenant appel à tes talents de prescripteur. Un cadeau pour le beau-père qui ne lit que des policiers, la grand-mère qui lit que des romances d’antan, le beau-frère qu’on connaît pas, le gamin qui ne lit jamais. Bref, il va falloir utiliser tes pouvoirs magiques de libraire pour relever ce défi. C’est pas le tout de faire travailler tes méninges pour trouver LE livre parfait pour tel ou telle personne, il va aussi falloir faire un petit exposé oral avec arguments et preuves à l’appui. C’est là que TOUT se joue.

11:08 – Mission 3 : Bravo, tu as fait un score parfait en temps record. La cliente a maintenant une pile énorme dans les bras et un air satisfait. Mais oulah, où est ce que tu crois que tu t’en vas ? Tant qu’elle t’a  sous la main, elle en profiterait bien pour te demander des conseils pour elle-même. C’est les vacances, elle adore lire, elle lit de tout (ouais avec ça, bon courage). C’est le moment de partager un petit coup de cœur perso. Vas-y fais toi plaiz’, tu l’as déjà dans la poche !

11:10 – Mission accomplie: Cliente ravie, te remercie et tu souries : « – Je vous en prie, Madame, ça fera $200, Madame, merci. ».

Dans le même genre, je vénère la personne qui  illumine ma journée en achetant trois livres de Sara Crossan d’un coup et rien que sur mes petits conseils.

Oui quand on est libraire on se satisfait d’un rien. (Une bonne dose d’auto-congratulation c’est la recette de survie face aux clients ingrats).

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AUSTRA’LITTERATURE #3 – Les Classiques Aussies (pour les grands)

Voilà le 3e volet de ce dossier sur la littérature Australienne et il est temps de vous présenter quelques classiques du genre. Évidemment et à raison, ce type de sélection est généralement sujet à débat. Afin de constituer cette liste, j’ai croisé plusieurs sources. Certains titres m’ont paru complètement évidents grâces à mon expérience en librairie, pour les autres, j’ai fait confiance aux résultats de mes recherches.

La difficulté majeure reste de répondre à cette question :

Mais qu’est ce qu’un classique ?

Et comme ce n’est ni le lieu ni le moment pour commencer ce genre de débat. Eh ben, c’est moi qui décide. Donc, pour cet article j’entends par « classique australien » :

  • un titre paru avant le XXIe siècle
    (parce que l’Histoire de la littérature australienne est relativement jeune. Si j’ai le courage je vous parlerai de cette Histoire plus tard.)
  • et qui aujourd’hui, est connu et reconnu.
    (encensé par la critique et par les lecteurs sur plusieurs générations)

2 COLLECTIONS INDISPENSABLES
POUR DECOUVRIR LES CLASSIQUES AUSTRALIENS

Text Publishing est une maison d’édition Australienne indépendante basée à Melbourne, auteurs nationaux et internationaux y sont publiés. En mai 2012, est créée une collection dédiée aux classiques australiens et néo-zélandais : Text Classics. En 5 ans, déjà 115 titres sont parus ! Nombreux de ces romans n’étaient plus disponibles sur le marché. Il va donc sans dire que le travail de ces éditeurs est remarquable et indispensable pour la littérature australienne qu’ils font revivre.
Petit bonus sympa : sur le site web vous pouvez filtrer les titres par région !

Ces couvertures rigides au design épuré donnent clairement un coup de jeune à ces classiques. Il y a un côté à la fois rétro et moderne. Je crois que les couleurs pastel inspirent à la nostalgie alors que le minimalisme de la couverture (un seul objet mis en avant sur les aplats de couleur) est très contemporain.
A $19.99, ces couvertures rigides sont également très accessibles.
Attendez donc de voir leur collection dédiée à la jeunesse 😉

PETITE SÉLECTION DE CLASSIQUES AUSTRALIENS
POUR DÉCOUVRIR L’AUSTRA’LITTÉ

LE FEMINISTE, CELUI QU’ON LIRA AVEC ADMIRATION

My Brilliant Carreer – Miles Franklin (1901)
[♥ Top 1 dans ma PAL]

My Brilliant Career est sans doute un des romans australiens qui mérite le mieux le statut de « classique ». Publié au début du XXe siècle il évoque la condition des femmes de l’époque et est également très ancré dans le paysage australien.

Stella Maria Sarah Miles Franklin est née en 1879 en Nouvelle-Galles du Sud. My Brillant Career est son premier roman. Son personnage principal, Sybylla est une jeune fille entêtée, passionnée et indépendante et pour le rester elle refuse de se marier. Miles Franklin ayant elle aussi refusée toute sa vie de prendre un mari – et ce malgré de nombreux prétendants – on peut aisément relever l’aspect autobiographique du récit. Il reflète également les idées révolutionnaires de son auteure, pionnière du féminisme en Australie. Miles Franklin soutenait aussi la promotion de la littérature australienne et légua une somme d’argent importante pour la création d’un prix littéraire à son nom. Il récompense tous les ans depuis 1957 un auteur australien. Bref, autant vous dire que je trépigne d’impatience à l’idée de lire ce livre ! Clique ici pour trouver ses ouvrages en français.

L‘AUSTRALIEN DU BUSH, CELUI QU’ON LIRA AVEC UN DÉCODEUR

Such is Life – Joseph Furphy (1903)

Such is Life se démarque par son style narratif complexe et nouveau et son ton ironique. Il est qualifié de « postmoderne avant l’heure » et toujours selon les mots J-F. Vernay c’est « le roman le plus emblématique de la représentation littéraire de ces régions rurales appelées le bush. ». Écrit dans une langue singulièrement australienne, ce roman pourra paraître difficile d’accès pour ceux qui ne seraient pas familier avec ce dialecte.

LA SAGA FAMILIALE, CELLE QU’ON LIRA AVEC UN THÉ

Fortunes of Richard Mahony Henry Mandel (1917)

Comme beaucoup d’autres écrivaines de son époque Ethel Florence Lindesay Richardson a utilisé un pseudonyme masculin afin d’être publiée. Elle fait également partie de ces nombreux auteurs australiens qui s’exilèrent mais dont le pays natif hanta l’écriture. The Fortunes of Richard Mahony est un roman australien typique de son époque. Il s’agit d’un récit autobiographique largement inspiré de la vie des parents de l’auteure, Richard et Mary, qui participèrent à la ruée vers l’or. Véritable saga familiale, l’histoire s’étend sur trois générations et fut d’abord publiée en trois tomes.

LE DRAME FAMILIAL, CELUI QU’ON LIRA AVEC NOS PROPRES INCERTITUDES

The Man who loved Children – Christina stead (1940) [♥ Top 5 dans ma PAL]

Expatriée en Europe dès 1928, Christina Stead ne fut – curieusement – publiée en Australie qu’en 1965. L’histoire de The Man Who Loved Children se déroulait originellement à Sydney mais l’œuvre a été éditée afin de satisfaire son public américain. Ce roman dépeint une famille nombreuse hautement dysfonctionnelle, sujet phare de l’auteure qui en explorera diverses versions dans ses textes. Dans ses romans satiriques Christina Stead explore les côtés les plus sombres de l’être humain et ses paradoxes, questionnant notamment notre idéal du bonheur. Ce livre est apparemment de ceux qu’on adore ou déteste.

LE BANAL, CELUI QU’ON LIRA AVEC CURIOSITÉ POUR LE PASSÉ

The Harp in the South – Ruth Park (1948) [♥ Top 4 dans ma PAL]

The Harp in the South est le premier roman de Ruth Park. Il connu un tel succès qu’en 1949, elle publia la suite Poor Man’s Orange et même une préquelle, Missus, bien des années plus tard (1985). La trilogie relate le quotidien de la famille Darcy qui vit dans un quartier pauvre de Sydney. Malgré la misère, l’alcoolisme et le racisme ambiant il semble que l’amour triomphe toujours chez les Darcy.
Ruth Park a également été récompensée à plusieurs reprises pour ses ouvrages dédiés à la jeunesse (à découvrir sur le blog dans le prochain épisode d’Australitté).

L‘AVENTURIER, CELUI QU’ON LIRA AVEC INTÉRÊT

Voss – Patrick White (1957)

Patrick White fut le premier auteur australien à recevoir le Prix Nobel de Littérature. Il fut également le premier à recevoir le Miles Franklin, prix national. Il a indéniablement séduit les Australiens avec le roman Voss qui s’inspire de la vie de Ludwig Leichardt, un exploreur prusse qui disparût dans le bush. Lorsque Voss disparaît, l’amour que lui portait la jeune Laura tourne à l’idolâtrie. Cette adoration proche de la religion plonge la deuxième moitié du récit dans une atmosphère quasi-mystique. Clique ici pour trouver ses ouvrages en français.

LE MYSTERIEUX, CELUI QU’ON LIRA AVEC EFFROI

Picnic at Hanging Rock – Joan Lindsay (1967) [♥ Top 2 dans ma PAL]

Picnic at Hanging Rock raconte la disparition de trois collégiennes qui étaient en sortie scolaire. L’enquête piétine et de nombreuses questions restent sans réponses. Fait divers ou fiction ? Joan Lindsay laisse planer le doute. Ses descriptions poétiques du bush vous envoûteront autant que le mystère qui y plane. Un récit à l’atmosphère gothique qui continue de hanter de nouvelles générations de lecteurs. Clique ici pour trouver ses ouvrages en français.

L’AMOUR INTERDIT, CELUI QU’ON LIRA AVEC DES MOUCHOIRS

The Thorn Birds – Colleen McCullough (1977)

Colleen McCullough a été une auteure prolifique qui s’est surtout illustrée dans le genre des romances historiques mais s’est aussi essayée au policier.
Bestseller international, The Thorn Birds est une saga familiale sur trois générations. Le cœur de l’intrigue est une histoire d’amour interdit entre une jeune fille et un prêtre. Les hésitations du prêtre entre son amour pour Dieu et son amour pour la jeune fille vous briseront le cœur.  Clique ici pour trouver ses ouvrages en français.

LE PUISSANT, CELUI QU’ON LIRA AVEC ESPOIR

The Power of One – Bryce Courteney (1989) [♥ Top 3 dans ma PAL]

Auteur à la double nationalité Sud-africian/Australien, Bryce Courtenay est devenu un auteur célèbre dès son premier livre The Power of one, véritable bestseller en Australie. L’histoire se déroule en Afrique du Sud dans les années 40 à 50. Peekay, garçon anglais de seulement 5 ans, a déjà la vie dure. Malmené par les autres enfants du pensionnat le bonhomme apprend vite à survivre. Des rencontres plus amicales lui permettront notamment d’accéder à une éducation intellectuelle mais aussi physique en commençant l‘apprentissage de la boxe. Un récit coup de poing peuplé de personnages complexes. Le roman a également été adapté pour les plus jeunes. Clique ici pour trouver ses ouvrages en français.


Voilà petit lecteur, c’est la fin de ma sélection imparfaite pour te présenter les classiques de l’Austra’littérature. (Oui c’est un top 10 moins 1. Non je ne suis pas anticonformiste. Enfin si un peu, mais ça n’a rien à voir. La vie n’est pas toujours toute ronde, tu sais.) J’espère que ça t’a plu quand même.

 Mais dis moi, toi, quels classiques aussies ajouterais tu à ta PAL ?

Ma source principale c’est toujours Jean-François Vernay avec  Panorama du Roman Australien, des origines à nos jours.
Pour plus d’Austra’littérature, faut aller voir par là-bas :
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C’est le 1er, je balance tout ! #7 – Octobre 2017

Bon les petits amis, comme vous l’avez peut-être remarqué, y a pas eu de #C’estle1er,jebalancetout en Septembre. Ça veut dire que j’ai pas mal de choses à partager avec vous !

1. Top & Flop

TOP DU MOIS D’AOUT

Je vous ai déjà fait part de mon Pico Love dans un article dédié. En revanche, je ne vous ai pas encore parlé de We come apart ou de The Night Circus, ou encore de Uprooted. En fait, j’avoue ne pas savoir si j’ai vraiment envie de parler des deux derniers tellement je les ai aimé. J’ai un peu peur d’y perdre se souvenir un peu onirique, ce mélange d’émotions et d’imagination que j’ai à chaque fois que je repense à ces lectures. On va laisser mûrir tout ça.

          

TOP DU MOIS DE SEPTEMBRE

Dans les méritants au podium, vous connaissez déjà : Y a pas de héros dans ma famille de Jo Witek. J’ai aussi lu le tome 2 des Culottées et fini la trilogie Sauveur & Fils. Et puis j’ai eu une bonne surprise avec Cornichon Jim un livre de détective pour les 8-12 ans au ton fraîchement marrant. Enfin, gros coup de cœur pour The Sleeper and the Spindle de Neil Gaiman.

        

FLOP

Je vous parle pas de mes flops parce qu’ils ne concernent que des livres que je n’avais pas choisis et que je n’aurais certainement pas lu si j’avais eu le choix…. Donc ça serait pas très fairplay de les dénoncer. Quand même pour vous donner une idée : The Boyfriend Whisperer ? Goût de vomit rien qu’à la lecture du titre, non ? Si c’est le cas, va même pas voir la face de « barbie-des-années-90 » de la couverture (il paraît que le livre est sorti en 2016 quand même …) !

2. Chroniques d’ailleurs

  • Sur booktubosphère, crions au scandale, Rapsodies critique La Passe-Miroir !
    Moi parfois j’aime bien confronter ma petite sensibilité à des gens qu’on pas aimé la même chose que moi. Bon, je suis pas tout à fait d’accord avec lui lorsqu’il dit que le monde créé est trop développé alors qu’une minime partie sera exploitée (4 Arches décrites sur 15). Au contraire, selon moi, le succès de La Passe-Mirroir repose sur cet univers riche et très crédible parce qu’il a justement été pensé dans les moindres détails et qu’on continue de découvrir ses lois au fil des tomes. En revanche, même si j’adore Thorn et Ophélie, j’ai tendance à le rejoindre sur le développement un peu pauvre de la psychologie des personnages…
  • Sur la blogosphère, Victoria de Un point c’est tout nous vend très très bien La Fourmi rouge et Je suis ton soleil, selon ses propres mots : deux romans feel-good et coup de coeur. Je suis de plus en plus épatée par le style des chroniques de Victoria. C’est de plus en plus pêchu et toujours bien argumenté. Et honnêtement je crois que ses lectures correspondent aussi très bien avec mes goûts !

3. Autres trouvailles sur la toile

  • Super Pépette : Les différents types de sexisme
    Si vous ne connaissez pas encore les vidéos de Super Pépette, je vous invite à aller voir ses vidéos toujours très enrichissantes qui vont de l’autisme au féminisme !
  • Si seulement mes enfants pouvaient ne pas apprendre « le masculin l’emporte toujours sur le féminin » Parce que, moi aussi, je me souviens que la gamine sage-et-studieuse-pas-vraiment-rebelle-plutôt-discrète que j’étais, avait quand même pensé « C’est pô juste ! » en apprenant cette règle de suprématie du masculin. Et avoir demandé «  Mais pourquoi  ? » ce à quoi on a gentiment répondu « C’est comme ça. C’est la règle. ». Un sentiment amer de profonde incompréhension et injustice est resté. Parce que je ne veux pas que les nouvelles générations dès le plus jeune âge entonne cette phrase qui n’est pas qu’une loi idiote de grammaire mais transmet également des idées genrées et sexistes.
  • Enfin pour se faire un peu plaisir, et parce qu’ici l’été arrive: Des recettes de cocktails inspirées par des auteures féministes ! Librairies, bibliothécaires, s’il-vous-plaît emparez vous de ce concept incroyable pour organiser un club de lecture féministe mémorable dans un bar à cocktail ! Non ? Moi j’inscris, toute de suite ! Moi je boirais bien à la santé de Simone de Beauvoir ! Et toi ?

Disclaimer : Faux archifaux. Je ne suis pas du tout prévisible et vous êtes toujours complètement surpris par le genre d’articles que je poste parce que vous ne vous attendez pas du tout à ça de ma part. Mes trouvailles ne transpirent pas du tout mes lubies du moment. Je ne suis pas du tout obsédée par le féminisme et la littérature. N’est-ce pas ?

4. Réalisations personnelles

  • Healthy Donuts

    Dès fois, je fais du baby-sitting pour une copine. Sa fille à 9 ans en général on bouquine, on joue à des jeux vidéos, on se promène, on dessine rien de très exceptionnel. Mais l’autre jour en regardant la télé on a été inspirées pour le goûter :
    Débarrassez-vous du trognon de vos pommes. Coupez les en rondelles épaisses. Couvrez-les d’une délicieuse pâte à tartiner ou autre délice (speculoos, chocolat, miel, beurre de cacahuète, confitures etc.) collez dessus des morceaux de fruits frais et secs de votre choix (bananes, kiwi, fraises, framboises, myrtilles, amandes, noisettes, etc.). ET VOILA !
  • Blue Mountains saison 2
    Ptit week-end en amoureux qui fait du bien. Au programme : longues randos et délicieux restos. Définitivement accro’ à cet endroit à 2h de train de chez moi.
  • Inspiration balcon
    Les beaux jours arrivent et j’ai enfin ma table sur mon balcon. Vous m’y trouverez du matin au soir. Jymange-jylis-jybronze-jybois-jyécris-jyréfléchis-JYVIS.Et toi c’est quoi ton petit coin favori ?

 

 

 

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Y a pas de héros dans ma famille – Jo Witek

titre : Y a pas de héros dans ma famille
auteur : Jo Witek

éditeur : Actes Sud Junior
date de publication : janvier 2017

ma bookreview : Chers enseignants. Chers parents. Chers enfants. Et enfin, chers grands enfants passionnés de littérature jeunesse. J’ai envie de mettre entre vos mains un petit roman bienveillant et plutôt marrant. Parfait pour égayer votre rentrée, celle de vos élèves, protégés ou autres petits monstres.

Jo Witek est une auteure déjà bien installée sur les étagères de la littérature jeunesse, chez les petits comme chez les grands. Et son succès est sans nul doute dû à cet incroyable talent de conteuse de vies qu’elle possède. Comédie ou thriller, elle nous livre toujours des personnages authentiques, des tranches de vies à la fois douces et amères qui résonnent au plus profond de nous.

Et cette fois, sa plume donne vie à Maurice Dambek, un petit garçon de 10 ans qui mène déjà une double vie. En fait, au fil des années, Mo s’est vu obligé de développer deux personnalités, deux langues, pour s’adapter à deux mondes : l’école et la maison. Le bonhomme est très fort à ce petit jeu là. Il maîtrise dorénavant le bon français de la maîtresse aussi bien que le français qu’on parle à la maison et passe de l’un à l’autre aisément. Un vrai petit bilingue. Mais être le premier de la classe dans une famille qui ne connaît que les échecs scolaires ce n’est pas toujours évident. Mo sent bien que ses deux personnalités ont du mal à cohabiter. Et en effet, tout ses repères et certitudes s’effondrent, le jour où ses deux mondes entre en collision, le jour où son copain Hippolyte rencontre la famille Dambek et l’emmène chez lui. Le jour où Mo réalise :

« Tous les enfants de la Terre n’étaient pas comme moi
à se débattre entre deux pays, deux langues, deux histoires. »

Chez Hippolyte c’est comme à l’école. Tout est propre et bien rangé. Chez Hippolyte il y a même un mur consacré aux héros de la famille. Confus et fort embarrassé par toutes ses découvertes Mo se met en tête de trouver des héros parmi ses ancêtres et ainsi sauver l’honneur de la famille. Ou le sien. Ou les deux.

C’est avec beaucoup d’humour et de finesse que Jo Witek nous parle de l’inégalité des chances à l’école. Parce que clairement, le petit Mo s’il n’était pas si fort à cette gymnastique mentale il serait lui aussi victime du – désormais bien connu – décrochage scolaire.

En quelques pages, Jo Witek a également réussi à saisir un phénomène à la fois magique et tragique. A travers le personnage de Maurice Dambek elle exprime très bien la complexité des émotions qui nous traversent lorsque enfin, nos parents tombent du piédestal sur lequel on les avait confortablement installés. Lorsqu’on observe pour la première fois sa propre famille avec le regard d’autrui. En découle alors une remise en question de soi qui pourrait s’apparenter au début de la fin de l’enfance.

Mais l’histoire de Mo est avant tout une ode à la famille et à la place importante qu’elle détient dans la construction de notre identité. Et c’est vraiment beau quand on peut compter, quoiqu’il arrive, sur l’amour de ces personnes qui nous voient grandir.

Y a pas de héros dans ma famille est un GROS COUP DE CŒUR et si vous avez-lu d’autres livres de Jo Witek, j’attends vos recommandations avec impatience !

note : 5/5
âge recommandé : 9 et +

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Pico Bogue – Dominique Roques & Alexis Dormal

La rentrée arrive, la plupart d’entre vous reprennent le boulot ou les cours. Ou les deux. Pico Bogue est la série parfaite pour vos pauses déj’ et ces interminables minutes dans les transports en commun alors que vous rêvez d’être chez vous. En effet, Pico et sa sœur Ana Ana forment un duo irrésistible. A tous les coups ils seront capables d’alléger votre cœur encombrés des soucis de la journée.


titre de la série : Pico Bogue
auteur : Dominique Roque
illustrateur : Alexis Dormal
éditeur : Dargaud
date de publication :

ma bookreview :  L’humour et la poésie sont les deux ingrédients phares de cette petite friandise (parce que oui Pico Bogue ça se lit comme on mangerait un petit carré au chocolat, un bonbon ou autre sucrerie).

On retrouve cette poésie à la fois dans le dessin et dans le texte. Les couleurs sont vives et joyeuses, et la colorisation à l’aquarelle comme le style croqué, parviennent très bien à capturer les scènes quotidiennes de la vie de famille de Pico Bogue. Quant au texte, il atteint parfois des profondeurs inattendues. Les réflexions de Pico Bogue sont souvent philosophiques et toujours un peu poétiques même lorsqu’il s’interroge sur la mort ou sur le sens de la vie. L’air de rien, les auteurs évoquent également des sujets de société importants comme le chômage, le sexisme, l’éducation… Certaines subtilités échapperont sans doute au plus jeunes mais c’est cette double lecture qui fait la richesse de Pico Bogue.

Pico et Ana Ana représentent cette candeur de l’enfance terriblement attendrissante mais avec ces deux fripons c’est aussi et surtout son impertinence qu’on adore. Les blagues de Pico Bogue reposent généralement sur des jeux de mots. Parfois les plus simples sont les plus drôles mais vous serez souvent bluffé par la recherche qu’il y a derrière. En effet, Pico Bogue est un fana d’étymologie. Souvent, il promène avec lui son dictionnaire pour sortir des mots le sens qui l’arrangera le mieux et fera tourner ses proches en bourrique mais parfois ça se retourne contre lui…

En bref, je vous conseille une bonne dose de Pico Bogue, la bibliothérapie idéale pour affronter le stress de la rentrée ou le temps gris et pluvieux de l’automne.

Je vous laisse avec ma planche favorite et les propos tendrement féministes d’Ana Ana :

note : 5/5
âge recommandé : 9 et +

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AUSTRA’LITTERATURE #2 – Chez les Frenchies

Pour ce deuxième volet de votre feuilleton préféré (mais, si, avouez !) : Austra’littérature, je vous propose de découvrir la littérature australienne chez vous ! Oui, oui, dans l’hexagone, sur les étagères de vos librairies et bibliothèques et peut-être bien déjà dans vos collections ou vos PAL…qui sait ?

La littérature australienne :
« Une littérature encore assez méconnue du lecteur francophone »*

Pas de honte à avoir, avant de mettre les pieds au pays des kangourous, je n’étais pas non plus familière avec cette littérature. En fait, il n’y a pas si longtemps, je ne faisais pas vraiment attention aux pays d’origine du livre que je lisais. Au mieux, je savais qu’ils étaient traduits de l’anglais. Mais ça s’arrêtait là. Or, les pays anglophones sont nombreux et les différences culturelles sont importantes. Mine de rien, elles constituent un contexte qui est rarement anodin en littérature (ou tout autre œuvres d’art d’ailleurs).

Maintenant, la question est : connaissez-vous ces auteurs australiens traduits en français ? Vous pouvez m’en citer quelques uns ?

COMMENT ?
TU NE CONNAIS PAS D’AUTEURS AUSTRALIENS ? VRAIMENT ?

Et si je te dis … Supercalifragilisticexpialidocious !

Pamela L Travers –  Mary Poppins

Adaptation du classique par Hélène Druvert . Fortement recommandée.

Et oui ! Pamela L Travers, auteure de Mary Poppins est née en Australie en 1899. Le roman pour lequel elle est désormais connue fut, en revanche, publié à Londres, Angleterre, où elle émigra en 1924. Pour cette raison, elle n’apparaît pas dans les listes des classiques de la littérature australienne, mais figure dans celles britanniques.

Je vous propose donc un meilleur exemple d’auteur australien au succès international :

Markus Zusak – La voleuse de livre

Markus Zusak est essentiellement connu et reconnu pour son œuvre La voleuse de livre,  un roman universel qui n’a rien d’australien puisqu’il traite de la Seconde guerre mondiale d’un point de vue allemand. Mais Markus Zusak est aussi l’auteur de Underdog, Fighting Ruben Wolfe et When Dogs Cry, trois romans qui se passent à Sydney. Récompensé par le Children’s Book Council of Australia, c’est un incontournable de la littérature australienne pour jeunes adultes.

 10 AUTEURS AUSTRALIENS
À PORTÉE DE MAIN

Eh oui, ce n’est pas tout ! Il y a plusieurs éditeurs français qui s’intéressent aux auteurs australiens. Les catalogues des éditeurs suivants, par exemple, vous offriront une bonne dose d’Australitté : Actes Sud, Albin Michel, Plon, Gallimard, 10/18… Voici donc un petit échantillon de ce que vous pouvez trouvez dans vos librairies :

TOP 3

les auteurs australiens contemporains les plus (re)connus

PETER CAREY

Deux fois gagnants du Booker Prize (équivalent anglais du Prix Goncourt), Peter Carey est l’un des plus grands auteurs australiens contemporains. Il est essentiellement reconnu pour son talent romanesque. En effet, sous sa plume les personnages prennent des couleurs authentiques. Avec Oscar et Lucinda ou La véritable histoire du Kelly Gang vous découvrirez l’Australie du XIXe siècle. Tandis que ses romans plus récents – bien que toujours emprunts de cette thématique du voyage – nous offre plutôt un « subtil mélange de réalisme et de surréalisme ». Les critiques littéraires soulignent également l’inventivité dont Peter Carey fait preuve dans toutes ses œuvres.

TIM WINTON

Qualifié d' »écrivain proche du peuple » Tim Winton écrit principalement sur l’humain et l’environnement. En effet, bien que souvent situées dans la sphère privée, ses histoires prennent une dimension politique en défendant la cause écologique. Tim Winton est également l’auteur d’une série qui vous rappellera peut-être votre adolescence : Les aventures de Lockie Léonard (chez l’École des loisirs). Cet auteur trois fois récompensé par le Miles Franklin est parfait pour découvrir la « culture balnéaire » typique du pays-continent tout en pénétrant la vie intime d’une famille australienne.

KATE GRENVILLE

Pour Kate Grenville, l’Australie des colonies a toujours un impact fort sur le présent de l’île-continent. Ainsi, quand ses œuvres ne sont pas de la fiction historique, elles témoignent tout de même de cette influence du passé. Le fleuve secret et Sarah Thornhill appartiennent à cette littérature dite pénitentière.  très populaire depuis les touts débuts du roman australien. La place des femmes dans la société est également un thème récurrent dans les romans de Kate Grenville.


Autres auteurs australiens populaires

Kenneth Cook
Sous la plume de ce journaliste, le bush australien prend des tournures hilarantes.

Alexis Wright
Pour découvrir le cœur de l’Australie : des romans sur les aborigènes par une aborigène.

Christos Tsiolkas
A travers ces romans intimes, l’auteur révèle les tares sociales de l’Australie.


Kate Morton
Atmosphère gothique, secrets de famille et décor britannique.

Richard Flannagan
Un style travaillé, élégant et poétique et des œuvres qui font la part belle à la Tasmanie.

Liane Moriarty
La banlieue australienne entre comédie et drame social.

Colleen McCullough
Les romans à l’eau de rose ont aussi eu la belle vie en Australie.


Alors vous n’avez jamais croisé de romans australiens sur votre route ?
Lesquels vous tentent le plus ?

Pour ceux que ça intéresse je prévois également de faire une liste (toujours non exhaustive) des classiques australiens et une autre spéciale litté jeunesse australienne (parce que, j’avoue, c’était un peu vile de ma part de vous apater avec Mary Poppins et ne vous servir que de la litté vieillesse).

Et si vous êtes maintenant branché Austra’littérature, il y a déjà quelques articles dispo sur le blog  :

*citation de Jean-François Vernay dans Panorama du Roman Australien, des origines à nos jours, source principale de cet article.

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C’est le 1er, je balance tout ! #6 – Août 2017

Allez, j’ai pas toute la nuit (ben oui quand il est 15h chez toi, il est déjà 23h chez moi) , alors je vous fait un résumé de mes lectures les plus marquantes du mois de juillet.

1. Top & Flop

Top

Moi Simon, 16 ans, homo sapiens de Becky Albertalli

Becky Albertalli nous raconte les affres de la vie lycéenne d’un garçon, Simon. Comme bien des adolescents, Simon est bringuebalé par tout un tas d’émotions mais surtout, il est tourmenté par le secret de son homosexalité et de plus en plus tenté de découvrir l’identité de cet inconnu avec qui il flirte par e-mail. Une belle romance racontée sur un ton léger qui permet de dédramatiser le fameux coming-out.

 

La mémoire de Babel (La Passe-miroir #3) de Christelle Dabos ♥

Christelle Dabos continue de nous émerveiller avec ce tome 3. Étonnement, les lois qui régissent le monde de La Passe-Miroir se clarifient et se complexifient en même temps. En fait, malgré les pièces de puzzle qui nous manquent toujours, on sent bien qu’on approche d’un résultat complet.
La plume de Christelle Dabos est toujours aussi remarquable. On sent le choix méticuleux des mots et une précision de la langue absolument délectable. Et puis, notre chère Ophélie est fidèle à elle-même dans sa maladresse, sa timidité et son incroyable audace. Ce nouvel opus lui a donné tout le loisir de s’épanouir et de grandir. J’espère donc que le prochain tome laissera plus de place aux autres personnages.

Bref, une série qui méritera sans doute une chronique plus complète à la fin. Pour l’instant je vous laisse savourer. On décortiquera plus tard 😉

Flop

Girls de Joshua Luna et Jonathan Luna

Le premier comics que je lis depuis des mois s’avère également être le WTF!? du mois. Avec un titre pareil, j’avoue, j’espérais une once de #girlpower. Et même en découvrant le personnage principal, charmant misogyne (oui c’est sarcastique), j’avoue, j’avais encore l’espoir que l’intrigue prenne un tournant féministe et condamne ce malotru (ou le transforme en chevalier de l’égalité). Au lieu de ça, le scénario piétine et ma foi, cette histoire de clone s’éternise un peu trop à mon goût. L’auteur plein de bonne volonté continue d’engluer ses personnages dans une bonne couche de stéréotypes (attention, à chacun son cliché). Les hommes ne pensent qu’à forniquer et les femmes sont des créatures incompréhensibles et hystériques. Y avait du potentiel dans le synopsis mais à mon avis ça a été pauvrement traité.

2. Chroniques d’ailleurs

Et pour rebondir sur cette déception, j’ai envie de partager avec vous ce joli blog : What a book worm qui fait la part belle au 9e art. J’ai surtout été séduite par sa sélection de comics féministes dont je n’avais jamais entendu parler auparavant. Another Castle: Grimoire me tente beaucoup pour ce côté à la fois féminine et badass que la blogueuse évoque dans sa chronique. Et je suis déjà en train de lire le webcomic Supercakes dont elle parle ici. A tout les coups vous allez pouvoir enrichir votre wishlist !

3. Autres trouvailles sur la toile

Le mois dernier je mentionnais mon intérêt pour Les Internettes. Et oh, surprise ! Sur Le vent dans les pages  Marie nous a concocté une petite sélection de youtubeuse découverte grâce à cette initiative. Parmi tous ces liens dont elle nous a généreusement abreuvé, j’ai beaucoup aimé la chaîne d’Alice in Animation. J’y découvre un monde technique qui m’est peu connu mais j’y trouve aussi mon compte en terme de critique de fiction et… de stéréotypes !

4. Réalisations personnelles

Attention, bonnes résolutions en vue ! Dites bonjour à mon journal de bord littéraire.


Oui Julia m’a convaincu avec son article Journal de lecture – Pourquoi il faut (absolument) en tenir un. Pour l’instant ça marche plutôt bien. Évidemment j’utilisais déjà Goodreads et Babelio. Et de temps en temps, le bon vieux combo carnet/crayon. Mais au rythme où j’enchaîne mes bouquins, (bien loin du rythme auquel je chronique, vous l’aurez remarqué), j’ai vraiment besoin d’un outil pour m’aider à construire ma pensée autour de toutes ces lectures.

Sinon, la bande dessinée et les romans graphiques me manquent terriblement et ma bibliothèque de quartier est malheureusement pauvrement fournie en bulles j’ai donc décidé d’essayer l’abonnement à Izneo. Je teste et je vous en reparle plus tard 😉

 

 

 

 

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[Féminisme#1] Purple Hibiscus – Chimamanda Ngozi Adichie

Dans ma PAL dite féministe, j’ai surtout des essais, mais aussi quelques auteures engagées dont je suis curieuse de découvrir les œuvres de fiction.

Titre : L’hibiscus pourpre
original title: Purple hibiscus
auteur : Chimamanda Ngozi Adichie

éditeur : Gallimard
date de publication : 01/11/2016

ma bookreview : Nigeria, fin du 20e siècle. Kambili 15 ans, est une jeune fille réservée qui parle peu. Docile, elle suit à la lettre l’éducation stricte et surtout très Catholique que son père impose à la maison. Eugene Achike, riche patriarche dont la générosité fait l’admiration de toute la communauté, est également un religieux fanatique. La violence est le quotidien de la famille. Un mélange de peur et de fierté alimente l’étrange respect que Kambili, Jaja son frère, et leur mère portent à cet homme. Sans leur tante et leur cousins, les deux jeunes n’auraient sans doute jamais réalisé ce dont ils étaient privés. C’est bien simple, Kambili n’avait jamais vraiment ri ou même souri.

Vous l’aurez compris, un récit bouleversant vous attend. Pourtant, plus que l’histoire en elle-même, c’est la façon dont elle est racontée qui m’a le plus touché. L’écriture de Chimamanda Ngozi Adichie est simple et maîtrisée. Ses mots chargent le moindre geste quotidien d’une signification lourde.

Fanatisme et oppression

La jeune Kambili est la narratrice de cette histoire. C’est à travers ses mots, ses tournures de phrase qu’on découvre son histoire. Qu’on découvre l’oppression.

En fait, elle vénère son père autant qu’elle le craint. Tel un dieu, son père – comme la religion – est omniprésent dans sa vie et la contrôle pleinement. Chaque mouvement et chaque mot de Kambili sont le résultat de cette oppression. Elle ne se plaint pas. Oh non. Elle endure mais jamais elle ne nomme ce qui ne va pas.

« I meant to say I am sorry Papa broke your figurines,
but the words that came out were, « I’m sorry your figurines broke, Mama. » »

Identité nigérienne

Le Nigéria que connaît Kambili est celui de l’après colonialisme. A la maison on parle anglais car c’est la langue des éduqués. C’est également la langue de Dieu. Mais le dialecte local (Igbo) et les traditions des ancêtres sont toujours bien ancrés dans le quotidien des nigériens. Et cette double culture donne lieu à des tensions entre traditionalistes et modernistes. Le père de Kambili, Eugene Achike, pure produit de ce colonialisme est un bon exemple de moderniste qui s’oppose à son père, le traditionaliste qui ne s’est pas convertit au catholicisme et continue ses rites dits païens en hommage à ses ancêtres. En revanche, Tante Ifeoma – plus mesurée dans sa pratique de la religion – s’avère être un délicieux mélange de ses deux cultures.

Liberté et émancipation

L’hibiscus pourpre est souvent dit coming-of-age. On dirait sans doute récit d’apprentissage en français. C’est cet instant précieux où l’on grandit. Où l’enfant rencontre le monde adulte. Où l’être dépendant prend son envol, se libère des contraintes parentales sur sa vie matérielle et spirituelle. C’est l’émancipation.

L’émancipation de Kambili est d’autant plus compliquée qu’elle a été complètement endoctrinée. Sa liberté en va de sa survie mais le cheminement n’est pas simple.

Féminisme

Deux personnages féminins s’opposent complètement dans ce roman.

Mama, une femme battue qui reste silencieuse et continue de soutenir son mari tout en lui trouvant des excuses. A travers ce personnage Chimamanda Ngozi Adichie dénonce clairement la violence domestique.

Tandis qu’avec Tante Ifeoma, elle révèle – dans toute sa splendeur – la force d’une femme indépendante et féministe. Professeure à l’université, Tante Ifeoma est non seulement une femme éduquée mais aussi engagée. Tout en élevant seule ses enfants, elle n’hésite pas à prendre position dans le débat politique et s’oppose devant la violence de son frère.

La maîtrise du style

L’hibiscus pourpre raconte un drame familial de bout en bout. Mais on ne découvrira l’ampleur de la situation qu’au fil des pages car le roman se déploie autour d’un événement important : la rébellion du fils. Le texte est divisé en trois parties (+ un épilogue), la première racontant ce fameux dimanche où Jaja refuse d’aller à l’église. Ce n’est seulement dans la deuxième partie qu’on comprend vraiment ce qui a poussé l’adolescent à agir ainsi. La troisième partie, elle, nous révèlera les conséquences de ce comportement.

Modestie + simplicité = authenticité

L’écriture de Chimamanda Ngozi Adichie est simple et modeste. Elle n’en fait pas des tonnes. Et pourtant, elle pourrait. Elle raconte un drame familial violent. L’intrigue pleine d’émotions fortes pourrait être portée par une plume viscérale. Au lieu de quoi, le style est calme et posé.

C’est cette impression d’honnêteté dans le ton de Chimamanda Ngozi Adichie qui m’a tellement touché. La simplicité laisse place à l’authenticité. Là où une écriture trop stylisée aurait étouffé l’histoire d’un voile tragico-dramatique, les descriptions simples du quotidien chargent, elles, le récit d’une crédibilité frappante.

Adichie ne met pas de mots précis sur ce qui se passe dans cette famille. Elle décrit simplement et très finement leur quotidien. La psychologie des personnages se révèle à travers ces petits détails de la vie de tous les jours. Le dialecte nigérien se glisse naturellement dans le texte et même si je n’y comprends rien, j’adore. Je suis témoin de la routine des personnages telle qu’elle est. Et cet anglais coloré me fait voyager. C’est un petit bout du Nigeria que l’auteur nous livre dans ce roman d’émancipation.

 note : 5/5
âge recommandé : adulte

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